Source : https://www.lefigaro.fr/conjoncture/les-cryptomonnaies-font-courir-un-risque-eleve-a-leurs-utilisateurs-alertent-les-autorites-financieres-20221026

Après un pic de capitalisation impressionnant autour de 3 000 milliards de dollars en novembre 2021, la taille du marché des «crypto-actifs» a été divisée par près de trois en septembre dernier.

Le Haut conseil pour la stabilité financière consacre une partie importante de son rapport annuel à ces actifs financiers à la mode.

Qui donc ignore encore l’existence des cryptomonnaies ? Ces actifs financiers d’un nouveau genre ne représentent que «1% de la capitalisation boursière mondiale à fin juin 2021», mais leur «croissance est rapide depuis deux ans», rappelle le Haut conseil pour la stabilité financière (HCSF), l’une des nombreuses institutions économiques rattachées au ministère de l’Économie et des Finances. La croissance des crypto-actifs est telle que le HCSF, autorité macroprudentielle de référence de l’économie française, y consacre une partie conséquente de son rapport annuel.

Les fonctionnaires de Bercy mettent en garde sur cette classe d’actifs dont ils ne sous-estiment plus la portée. «On assiste peut-être ainsi aux prémices de ce qui pourrait être une transformation plus profonde de la structure de l’intermédiation financière», écrivent les économistes. Avant de prévenir que «des risques élevés pèsent sur les utilisateurs et les investisseurs». Ces risques, nombreux, sont développés dans le rapport et peuvent être classés comme suit : «risques financiers», «risques opérationnels et techniques » ou «risque cyber», risques environnementaux. Ces dangers sont exacerbés par «l’immaturité du marché et la complexité de ses applications».

Des risques de contagion dans la finance mondiale

Alors que de plus en plus de Français, en particulier les jeunes, manifestent de l’intérêt pour les crypto-actifs, un avertissement est lancé aux «utilisateurs non experts», qui «ne sont pas en mesure de comprendre les risques associés aux outils de gestion financière des crypto-actifs » et «sont dès lors particulièrement vulnérables à des publicités mensongères». Le rapport de la HCSF tacle au passage les grandes ambitions de la «DeFi», finance décentralisée, qui s’affranchit des intermédiaires bancaires et étatiques. «Les opérations clés sont concentrées sur un petit nombre de protocoles et d’acteurs clés malgré une architecture qui se prétend décentralisée», étrillent les économistes.

Le succès fulgurant des crypto-actifs se relativise ces derniers mois. Le HCSF communique un chiffre pour s’en convaincre : après un pic de capitalisation impressionnant autour de 3 000 milliards de dollars en novembre 2021, la taille du marché a été divisée par près de trois en septembre dernier. Peu de risques que ces déboires entraînent des conséquences sur la stabilité financière mondiale. «Le secteur des crypto-actifs ne semble pas représenter à ce stade un risque systémique, de par sa taille relativement limitée et des interconnexions faibles avec la finance traditionnelle», rassurent les économistes du HCSF. Avant d’appeler à la prudence, constatant «un manque de données fiables» et surtout «la croissance des canaux de contagion du fait de l’intérêt croissant d’investisseurs traditionnels».

Pour répondre aux risques et anticiper des perspectives financières moroses, le HCSF adresse au ministère de l’Économie et des Finances un certain nombre de propositions, parmi lesquelles «la mise à disposition d’une monnaie numérique de banque centrale», sorte de crypto-monnaie officielle et étatisée. Mi-octobre, la Banque de France a justement démarré une nouvelle expérimentation de monnaie numérique de banque centrale interbancaire, aux côtés de 13 autres banques et infrastructures de marché.

Richard Flurin